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Photo du rédacteurÉquipe Club Aventure Québec

Aller au bout du monde pour revenir à soi

Par Claudia Bérubé - 6 décembre 2017


Tout récemment, je me suis permis un trip backpack en Asie du Sud-Est pour une période de trois mois. Des choses à raconter? Tout plein : je suis revenue avec les émotions dans le piton! Mais le plus important, c’est que pendant mon périple, j’ai vraiment découvert ce que voyager signifie pour moi.

Partir, pour moi, c’est aller ailleurs pour apprendre des autres cultures. Et du coup, loin de tout ce qui fait mon quotidien, j’apprends à me recentrer sur moi-même, et à apprécier la vie un peu plus.

Bien sûr, j’apprécie ce que je fais et ce que j’ai. Mes exploits, mon emploi, mon revenu. J’aime que mon frigo soit plein et, s’il ne l’est pas, qu’il y ait au moins trois épiceries dans un rayon de deux kilomètres pour y remédier. J’apprécie ça, comme l’électricité qui me permet de charger mon nouvel iPhone, la télévision par câble pour regarder Occupation double à Bali sur une de mes trois télés à cristaux liquides, sans oublier les deux garde-robes et la commode dans lesquels je range mes 14 paires de jeans, mes 47 chandails… et mes 8 cotons ouatés que je ne mets plus depuis que j’ai atteint la puberté.

Donc, côtoyer des gens qui n’avaient rien du tout et à qui toutes ces choses ne semblaient pas manquer, ça m’a fait un gros choc. Et je me suis demandé si, dans cette abondance, j’étais aussi heureuse que je prétendais l’être.

Faire un gros ménage « matériel », si on peut le dire comme ça, a fait partie de mes priorités à mon retour. C’est en m’y attaquant que je me suis rendu compte que je faisais du même coup un gros ménage dans ma tête.

Je me suis dit que je devrais être plus apte à apprécier ce que je possède.

J’en parlais un soir au téléphone avec ma mère, alors que j’étais au Vietnam; je lui disais comment je me sentais tellement « trop » riche. Elle m’a répondu qu’à la maison, je n’étais pas nécessairement « riche » – et avec raison. Comme toute étudiante qui se respecte, j’ai souvent (très souvent) de la misère à « closer » mes fins de mois. Mais en faisant l’inventaire de toutes les choses qui m’entouraient, je me suis rendu compte qu’en avoir trop était un symptôme. Celui de ne pas accorder la bonne valeur à l’argent et de le dépenser en objets inutiles.

Je vis dans le trop. Je m’offre sans y réfléchir deux ou trois sorties au resto par mois que je ne devrais même pas pouvoir me permettre. J’ai des tiroirs remplis à ras bord de vêtements pour toutes les occasions. Et puis il y a dans mes garde-robes de multiples paires de talons hauts noirs. Mais, comme toute bonne fille indécise, je suis incapable de savoir quoi mettre malgré les choix infinis se trouvant devant moi.

Peut-être qu’on accumule toutes ces choses et qu’on dépense ainsi parce que ça nous donne l’impression d’être adulte, d’avancer dans la vie. Mais même en énumérant ce que je possède, je me rends compte que j’ai peu, car le matériel est éphémère. Ça ne définit pas qui je suis.

C’est du moins ce que j’ai réalisé au retour de mon dernier voyage : ce mode de vie convient à plusieurs, mais c’est loin de refléter qui je suis réellement, mes valeurs, mon but dans la vie.

En prenant conscience que non seulement beaucoup, mais vraiment beaucoup de gens vivent avec moins du tiers de ce que j’ai, mais aussi que leur vie ne semble pas si banale et peut-être même confortable, mais surtout très heureuse, j’ai pu me redéfinir.

Voyager, pour moi, c’est apprendre sur soi-même en apprenant sur les autres. C’est bien sûr sortir du train-train quotidien. Mais si on regarde au fond des choses, c’est apprendre à vivre le quotidien avec d’autres cultures et découvrir une réalité qu’on ignore totalement. C’est avoir la chance de faire ressortir le bon en moi et de le partager avec des étrangers qui ont envie de me connaître réellement. C’est ouvrir mon cœur et m’émerveiller devant les choses simples de la vie. C’est une chance incroyable que de pouvoir partir ainsi.


Claudia

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